Exclusif : Au volant du Skoda Vision O, le concept qui sauve l'honneur des breaks

Dans un monde automobile saturé par les SUV massifs et parfois maladroits, Skoda fait de la résistance. Avec son concept Vision O, la marque tchèque nous rappelle que l'élégance d'un break n'a pas dit son dernier mot. Mieux encore : ce n'est pas qu'une sculpture de salon. Ce prototype roule, et nous avons eu le privilège de nous installer à son bord.

On a souvent l'habitude de voir des concepts-cars figés, de simples coquilles vides posées sur de la moquette épaisse lors des salons internationaux. Mais Skoda a voulu aller plus loin avec le Vision O. Après avoir brillé sous les projecteurs de Munich et de Lyon, ce grand break de 4,85 mètres s'offre une escapade sur le bitume. Une occasion rare de toucher du doigt le futur de la marque.

Plus proche d'une Superb que d'une Octavia

Au premier regard, le Vision O impressionne par ses proportions. Avec sa longueur généreuse, il se positionne clairement sur le territoire de la Superb Combi plutôt que celui de l'Octavia. La ligne est fluide, "racée", presque sensuelle. On est loin du design parfois torturé des prototypes "baroques" que certaines marques premium tentent de nous imposer. Ici, l'efficacité aérodynamique semble dicter chaque courbe, promettant une routière taillée pour les grands espaces.

L'absence de montant central (le pilier B) sur ce concept offre une ouverture spectaculaire sur l'habitacle, même si l'on sait que pour des raisons de rigidité et de sécurité, le modèle de série retrouvera probablement une architecture plus classique.

Démarrage : Une procédure "Secret Défense"

Prendre le volant d'un concept unique au monde est une expérience intimidante. Ce n'est pas une voiture de série : rien ou presque n'est automatisé. Pour donner vie à la bête, les ingénieurs tchèques s'activent autour de nous comme une équipe de Formule 1.

Il faut se baisser pour trouver des boutons cachés sous la carrosserie pour ouvrir la porte, puis enclencher une séquence complexe sous la planche de bord pour réveiller le moteur électrique. C'est artisanal, brut, et cela nous rappelle que nous sommes à bord d'un laboratoire roulant, une maquette motorisée à plusieurs millions d'euros.

Une fois installé, le confort est... sommaire. Le siège conducteur, très ferme, ne se règle que d'avant en arrière, et la ceinture de sécurité est purement décorative. Mais peu importe, le tableau de bord s'illumine.

Sur la route : 15 km/h de bonheur (et de craquements)

La consigne est stricte : interdiction de dépasser les 15 km/h sur notre aire d'essai fermée. Je passe la marche avant via un bouton caché et le Vision O s'élance dans un silence tout relatif.

C'est là que la réalité du prototype rattrape le rêve. La voiture couine, la carrosserie craque légèrement à chaque imperfection du bitume. C'est tout à fait normal pour un véhicule assemblé à la main qui n'est pas destiné à la route. Mais la magie opère. La direction répond, l'écran central fonctionne réellement et l'immense surface vitrée inonde l'habitacle de lumière. On a cette sensation privilégiée de conduire une voiture qui "n'existe pas encore".

L'intérieur : Le pari de la luminosité

L'habitacle tranche radicalement avec les productions actuelles souvent sombres. Skoda mise sur des teintes claires et une planche de bord épurée. L'innovation majeure réside dans cet affichage panoramique situé juste sous le pare-brise. Contrairement à BMW qui veut projeter les infos sur la vitre, Skoda utilise ici un véritable écran courbé tout en largeur.

C'est beau, mais pas encore parfait : la ligne de LED d'ambiance a tendance à se refléter dans le pare-brise, gênant parfois la visibilité. Un détail que les ingénieurs corrigeront sans doute avant la mise en production.

À l'arrière, l'espace aux jambes est royal, digne d'une limousine. En revanche, comme souvent sur les électriques, le plancher est haut (pour loger les batteries), ce qui oblige à avoir les genoux un peu trop relevés. Le confort sur long trajet reste à prouver sur la version finale.

Coffre et Motorisation : Le pragmatisme tchèque

Skoda n'oublie pas son ADN "Simply Clever". Malgré son look de break de chasse, le Vision O propose un coffre gigantesque de 650 litres, pouvant grimper à 1 700 litres une fois la banquette rabattue. C'est immense, et cela rassurera les familles qui craignaient que le design ne tue la praticité.

Enfin, si ce concept est mû par un moteur électrique, Skoda reste prudent et malin. La marque évoque une plateforme "multi-énergies". Cela signifie que si le tout-électrique ne prend pas aussi vite que prévu, ce magnifique break pourrait très bien accueillir des motorisations hybrides ou thermiques de dernière génération.

Verdict : Vivement la série ! Cette prise en main, aussi brève et lente fut-elle, confirme que Skoda tient une pépite. Le Vision O est la preuve qu'un break familial peut être sexy, technologique et spacieux. Si le modèle de série conserve 90% de ce design, la concurrence a du souci à se faire.