Donald Trump et les Kei-Cars : Le rêve américain rétrécit au lavage ?

C’est une image que l’on a du mal à visualiser. Donald Trump, l’homme qui incarne l’Amérique des gratte-ciels dorés, des steaks XXL et des énormes 4x4, vient de se découvrir une passion pour... les minuscules voitures japonaises.

De retour d'un voyage diplomatique au Japon, le président américain a surpris tout le monde automobile – et probablement ses propres conseillers – en publiant une déclaration enflammée sur son réseau social, Truth Social. Son nouveau cheval de bataille ? Importer le concept des "Kei-cars" au pays de l'Oncle Sam.

"PETITES, SÛRES et GÉNIALES !"

Dans un style tout en majuscules dont il a le secret, Donald Trump a affirmé avoir "autorisé" la fabrication de ces micro-citadines aux États-Unis. « Ces voitures du futur proche sont peu chères, sûres, peu consommatrices en carburant et tout simplement GÉNIALES !!! COMMENCEZ À LES CONSTRUIRE MAINTENANT ! » a-t-il martelé.

Pour rappel, une Kei-car (ou keijidōsha), c'est une spécificité purement nippone née de l'après-guerre pour motoriser la population. Le cahier des charges est strict : pas plus de 3,40 mètres de long, une largeur riquiqui et, surtout, un petit moteur de 660 cm³ bridé à 64 chevaux. C'est idéal pour les ruelles de Tokyo ou de Yokohama, mais l'imaginer sur une "Interstate" américaine au milieu des camions a de quoi laisser perplexe.

Le grand écart écologique

Ce qui rend cette annonce particulièrement savoureuse – ou incompréhensible, c'est selon – c'est le contexte politique actuel. Il y a quelques jours à peine, l'administration Trump détricotait les normes environnementales (CAFE), annulant l'obligation pour les constructeurs de réduire la consommation de leurs gammes d'ici 2031.

En clair : d'un côté, le président donne le feu vert aux constructeurs pour continuer à vendre des V8 gourmands et polluants sans pénalité. De l'autre, il les exhorte à construire des pots de yaourt ultra-sobres consommant 4 litres aux 100 km. Une contradiction flagrante qui laisse l'industrie automobile américaine dans l'expectative.

Un succès impossible aux USA ?

Soyons réalistes un instant. Le marché américain déteste les petites voitures. La Fiat 500 a plié bagage, la Smart a disparu des radars. Là-bas, le véhicule le plus vendu reste inlassablement le Ford F-150, un pick-up qui pourrait presque transporter une Kei-car dans sa benne.

Lancer des lignes de production pour des véhicules aussi spécifiques nécessiterait des milliards de dollars d'investissement. Pour qui ? Une poignée de citadins ? Les Américains, habitués à l'espace et à la puissance, sont-ils prêts à troquer leurs SUV contre des boîtes à chaussures de 64 chevaux pour leurs longs trajets ? Rien n'est moins sûr.

Donald Trump semble ici faire preuve de la même déconnexion que lorsqu'il suggérait que les Européens allaient se ruer sur les pick-ups américains. C'est une vision romantique de l'automobile qui se heurte violemment à la réalité culturelle et industrielle de son propre pays. Mais après tout, en politique comme en automobile, il ne faut jamais dire jamais.

En savoir plus: Ineos Grenadier Safari : Le 4x4 "Made in France" part à la conquête de la savane

Commentaires